En 814, à la mort de Charlemagne, c'est le plus jeune de ses fils, Louis, qui hérita seul, du vaste empire carolingien. Son long règne reste assez méconnu, occulté par la célèbre figure paternelle. Trop peu lu demeure aussi le poème que lui consacra un lettré aquitain, Ermold le Noir. Cette source a été longtemps dénigrée en raison même de sa nature poétique et de la disgrâce qui touche son auteur exilé à Strasbourg. Pourtant, l'oeuvre ouvre toutes les portes des temps carolingiens, on y croise Charlemagne, Eginhard, Théodulphe, des guerriers et des petits, des papes et des moines, on aperçoit des reines, des Normands, des Sarrazins, des Goths, on découvre des rites, des amitiés, on traverse, aux côtés du prince, les royaumes et les villes, de Tours à Aix-la-Chapelle, de Barcelone à Ingelheim...

Aller à la rencontre de l'auteur en prenant son oeuvre au sérieux, s'attacher au contexte de sa composition, en comprendre la construction : tels sont les objectifs majeurs de cet ouvrage, lecture interprétative d'une source carolingienne précieuse. Sa richesse historique s'y révèle alors en son tout. Ce sont en effet quelque trente années du règne de Louis le Pieux que son contemporain rapporte et expose à son prince et à la cour. Il dessine le portrait en actes de Louis, héritier de son père Charlemagne, propose une oeuvre pensée comme un traité politique et offre aux historiens un miroir de l'empire carolingien.