« Que peuvent les vers face aux chars, au climat qui se dérègle, aux espèces qui disparaissent ? Pas grand-chose. Et tout à la fois. Car c'est de piétiner la poésie que notre terre est malade. D'ériger des tours, de construire des parkings, d'aligner des hangars. De caresser, à longueur de journées, de petites plaques de verre rétroéclairées plutôt que des peaux, des écorces, des ruisseaux.

Ce que nous perdons sous les coups de boutoir de la croissance et de la compétitivité, c'est la poésie du monde. Alors peut-être que ce que notre planète nous disait à bas bruit, et qu'elle commence désormais à rugir, c'est que nous ne sommes pas voués à construire pierre à pierre le "cauchemar climatisé" que Kerouac et Miller vomissaient.

Que nous sommes ici pour les étreintes, les baisers et le babillage des merles.

Et que notre salut tient à la poésie. »